En conférence de presse, il est celui qui refuse toute polémique sur les décisions du corps arbitral. Au bord du terrain, il est celui qui retient ses joueurs sur des séquences nerveuses. Jusqu’à dimanche soir, le Luis Enrique parisien, certes parfois tonique face aux journalistes, était tout cela à la fois. Le caractère volcanique de l’Espagnol a ressurgi d’un coup. Au moment où on s’y attendait le moins. Ce fut des images étonnantes. Une réaction assez surréaliste compte tenu du contexte. Celle sans doute d’un homme fatigué et épuisé mentalement par cette saison de douze mois.
L’arbitre australien venait de siffler la fin de cette finale de la Coupe du monde des clubs face à Chelsea (0-3). Au milieu du terrain, Christopher Nkunku et Nuno Mendes échangeaient quelques amabilités après un choc intense en fin de match. À quelques mètres, le milieu des Blues Moisés Caicedo priait. Luis Enrique n’était, lui, pas du tout dans une forme de méditation. Calme, comme à son habitude tout au long de la rencontre, l’Espagnol a fait ressurgir ce caractère sanguin qu’on lui connaissait joueur.
La séquence a duré une petite dizaine de secondes : Luis Enrique s’est approché d’un début d’échauffourée entre Gianluigi Donnarumma, Achraf Hakimi d’un côté et Joao Pedro et Andrey Santos de l’autre. Le technicien n’était pas venu pour apaiser les esprits. Loin de là. Il s’est approché du grand attaquant brésilien, le repoussant dans un premier temps. Son regard noir a tout dit de sa volonté d’en découdre. Sa main est venue repousser le cou et le visage de l’attaquant de Chelsea.
À cet instant, il fallait l’intervention de Presnel Kimpembe pour empêcher l’entraîneur parisien d’aller plus loin dans cette algarade. Luis Enrique, comme conscient ensuite d’être allé trop loin, a tenté d’aller séparer ses joueurs puis s’est écarté de la scène. Comme si, à cet instant, l’Asturien (55 ans), qui a identifié depuis toujours ses failles émotionnelles, savait qu’il devait s’éloigner.
Cette scène très inhabituelle depuis qu’il s’est installé sur le banc du Paris-SG vient rappeler l’impulsivité de l’ancien milieu. Un joueur sanguin, rugueux, jamais très loin dans les échauffourées. Capable, comme lors de son transfert au FC Barcelone en 1996, de coups de sang. Un trait de caractère qu’il a identifié et sur lequel il travaille depuis des années. Présenté comme le psychologue du groupe, Joaquin Valdes est surtout l’homme qui, à travers des débriefings constants, permet depuis des années à Luis Enrique d’intégrer ce type d’émotions.
La scène d’hier soir donnera du travail au thérapeute. Cette séquence, au-delà de l’image, pourrait aussi déboucher sur des sanctions disciplinaires de la part de la FIFA. Luis Enrique aura trois semaines de vacances pour digérer sa saison et éloigner cette séquence.